Comment faire l’Analyse critique de projets en 11 étapes

Analyse critique de projets

Introduction à l’analyse critique de projets de création d’entreprises

L’objectif de l’analyse critique de projets de création d’entreprises est l’appréciation du poids des points faibles par rapport aux points forts dudit projet. Cette appréciation doit permettre de dire si le projet paraît viable et si l’on peut encourager le créateur à poursuivre.

Cette analyse critique de projets utilise comme document de départ l’étude de faisabilité préparée par le futur créateur  d’entreprise, et donne lieu à la rédaction d’un document faisant ressortir les points forts et les points faibles ainsi que les conclusions concernant la viabilité du projet. Elle est menée, de préférence, par une équipe pluridisciplinaire dont le créateur du projet peut éventuellement fait partie de ses membres.

La méthode utilisée pour l’analyse critique de projets n’est pas figée, chacun peut adopter le plan qu’il lui paraît convenable. Le plan que nous allons adopter est constitué de trois parties :

  1. La première partie de l’analyse critique de projets porte sur l’analyse critique de l’étude de faisabilité commerciale ;
  2. la deuxième partie de l’analyse critique de projets porte sur l’analyse et critique de l’étude de faisabilité technique, de l’approvisionnement à la livraison, et
  3. la troisième partie de l’analyse critique de projets porte sur l’analyse critique de l’étude financière.

L’analyse critique de l’étude de faisabilité commerciale et technique fait ressortir les points forts et les points faibles de l’étude et ce, en passant en revue toutes les étapes présentées dans l’étude de faisabilité et en vérifiant à chaque fois la faisabilité des données, des méthodes et des hypothèses annoncées par le préparateur de l’étude. La pertinence des conclusions dégagées dépendent bien évidemment de la compétence de l’équipe chargée de cette analyse critique.

L’analyse critique de l’étude financière s’intéresse, plus particulièrement, à l’évaluation des différents indices tels que le taux de rentabilité interne, le temps de retour, le seuil de rentabilité, … susceptibles de nous renseigner sur la rentabilité du projet et son comportement face aux risques.

Dans ce document nous allons essayer d’expliquer, à travers des exemples, comment peut-on mener une analyse critique d’un projet de création d’entreprise. Le projet sur lequel nous allons travailler concerne la création d’une unité de trituration des olives dans la région de Taounate (Maroc).

Le document de synthèse relatif à l’analyse critique dudit projet est présenté sous forme de plusieurs encadrés dont chacun se rapporte à une partie distincte. Chaque partie est précédée par des explications pour comprendre l’objectif à atteindre et la méthode à suivre. Le plan du document de synthèse est présenté dans l’encadré suivant :

Exemple

Table des matières :

I- Introduction (Présentation du projet).

II- Analyse et critique de l’étude de faisabilité commerciale.

III- Analyse et critique de l’étude de faisabilité technique.

III-1- Coté réglementaire et politique en matière de qualité.

III-2- Étude de l’approvisionnement.

III-3- Étude la transformation.

III-3-1- Réception.

III-3-2- Réalisation du produit.

III-3-3- Sous produits et rejets.

III-3-4- Stockage et livraison.

III-3-5- Contrôle qualité.

III-4- Besoins en personnel et leur formation.

III-5- Besoins en constructions.

III-6- Besoins en eau et énergie.

IV- Analyse et critique de l’étude financière.

IV-1- Coût d’investissement.

IV-2- Plan de financement.

IV-3- Bilan d’exploitation prévisionnel.

IV-4- Rentabilité financière du projet.

IV-4-1- Valeur actuelle nette.

IV-4-2- Taux de rentabilité interne.

IV-4-3- Délai de récupération.

IV-4-4- Sensibilité du projet par rapport au chiffre d’affaire

IV-4-5- Sensibilité du projet par rapport aux charges totales.

V- Conclusion.

Présentation du projet

Ce paragraphe correspond à l’introduction de notre document relatif à l’analyse critique de projets de création d’entreprise. Il commence par une présentation succincte du projet et se termine par le lancement du plan global du document.

Exemple :

I- Introduction :Le présent document a pour objet l’analyse critique de projets de création d’une unité semi-moderne de trituration des olives dans la province de Taounate (Maroc) d’une capacité de trituration de 2500 T/an d’olives et une capacité de production de 500 T/an d’huile vierge pendant une année de croisière (à partir de la 3ème année) ; 31% de la production sera destinée à l’exportation (U.S.A, Italie) et le reste sera écoulé sur le marché local.Le projet prévoit la création de 23 emplois dont 7 sont permanents. Le coût d’investissement relatif à ce projet s’élève à 6.701.585,00 DH dont le fond propre apporté par l’entrepreneur constitue 28%, 2% sera reçue sous forme de primes d’investissement et le reste (70%) sera financé par un crédit bancaire sur 10 ans avec un taux d’intérêt de 9%.Le projet prévoit réaliser un chiffre d’affaire de 11.707.500,00 DH à partir de la troisième année (année de croisière) et dégager un résultat net de 2.772.219,00 DH.Ce document est constitué de trois parties :

  1. La première partie est une analyse critique de l’étude de faisabilité commerciale ;
  2. La deuxième partie est une analyse critique de l’étude de faisabilité technique, depuis l’approvisionnement jusqu’à la livraison tout en passant par la transformation.
  3. La troisième partie est une analyse critique de l’étude financière. Elle s’intéresse, plus particulièrement, à l’évaluation des différents indices susceptibles de nous renseigner sur la rentabilité du projet et son comportement face aux risques (taux de rentabilité interne, temps de retour, seuil de rentabilité, …).

Analyse critique de l’étude de faisabilité commerciale

Le but principal de l’étude de faisabilité commerciale est de déterminer s’il existe un marché potentiel pour le produit ou le service envisagé. Pour cette raison, elle constitue un élément de décision important pour continuer l’étude de faisabilité ou d’abandonner l’idée du projet.

Dans une étude de faisabilité commerciale, on tente de répondre aux questions suivantes :

  • Type de clientèle :
    • Qui seront les principaux acheteurs de ce produit ou service ?
    • Quels sont leurs besoins et leurs attentes ?
    • Quelle est leur spécificité (habitudes d’achat, dépenses moyennes, fréquence des besoins, etc.) ?
  • Politique en matière de communication et distribution :
    • Quels seront les moyens de distribution pour atteindre les clients cibles ?
    • Quelle est la méthode de communication la plus efficace pour atteindre ces clients ?
  • Caractéristique du marché :
    • Combien y a-t-il d’acheteurs potentiels, quels sont les volumes de vente et le prix ?
    • Tendances du marché : Quelle est la durée de vie prévue du produit ? Y a-t-il un potentiel adéquat de croissance des ventes ?
    • Concurrence : Quels produits et quelles compagnies sont nos concurrents ? leurs spécificités ? leurs points forts et points faibles ?
    • Quel est le prix attendu (Prix le plus élevé, le plus bas et le plus fréquent) ?
    • Que sera le volume des ventes (volume et conditions du marché) ?

Pour la réalisation de son étude de faisabilité commerciale, le créateur doit avoir recoure à des sources d’informations fiables : administration, organisations professionnelles, revues spécialisées, etc. Lorsque le créateur est amené à faire un sondage, ce dernier doit être mené d’une façon scientifique.

L’analyse et critique de l’étude de faisabilité commerciale porte sur deux aspects. Le premier concerne le contenu de l’étude et le deuxième concerne la fiabilité des données :

  1. Contenue de l’étude de faisabilité commerciale : Vérifier si le créateur a répondu à toutes les questions citées ci-dessus.
  2. Fiabilité des données : Juger si les sources d’informations sont fiables, les méthodes de collectes de données sont correctes et les données sont à jour.
Exemple :

II- Analyse et critique de l’étude de la faisabilité commerciale :

Le créateur a mentionné dans son étude de faisabilité (III-I- Calcul du chiffre d’affaire) qu’il prévoit écouler son produit (huile d’olive vierge) sur le marché intérieur (69%), le marché italien (14%) et le marché U.S.A (17%). Cependant, une telle prévision doit être basée sur une étude de commercialisation bien ficelée ; la chose que le créateur a omis dans son étude de faisabilité.

Le créateur est donc amené à compléter l’étude de faisabilité par une étude de commercialisation afin de répondre aux questions suivantes :

  1. Qui sont les principaux clients de l’huile d’olive ? leurs besoins et leurs attentes ?
  2. Quels sont les prix appliqués ? et les quantités échangées ?
  3. Qui sont les principaux concurrents ? leurs points faibles et leurs points forts ?
  4. Quelle part de marché est-il possible d’acquérir ?
  5. Quels moyens faut-il pour atteindre le marché désiré ?

Analyse critique de l’étude de faisabilité technique

L’étude technique a pour but de déterminer les besoins en moyens matériel et humain nécessaire pour atteindre les objectifs escomptés. Ces derniers tiennent compte des contraintes du marché (disponibilité de la matière première, existence d’un besoin, exigences des clients), contraintes réglementaires et normatives liées au produit et aussi des contraintes financières (montant à investir).

L’étude technique porte généralement sur deux axes : étude de l’approvisionnement et l’étude de la transformation. Pour l’analyse critique de l’étude technique, il convient d’ajouter un autre point qui est le côté réglementaire et politique en matière de qualité.

Pour mener à bien l’analyse critique de l’étude de faisabilité technique, il faut avoir assez de connaissances en domaine technique, économique et réglementaire pour pouvoir discuter ce qui a été présenté par le créateur et proposer les améliorations qu’il faut apporter au projet.

Côté réglementaire et politique en matière de qualité

Le créateur doit être informé des exigences réglementaires et normatives ainsi que celles de ces futurs clients. Pour la maîtrise de ces exigences, il sera amené à mettre en place un système qualité dont il faut tenir compte dans l’étude technique.

L’analyse et critique de cette composante consiste à vérifier si le créateur a pris connaissance des exigences réglementaire et normatives nationales et internationales (selon la destination du produit) et s’il a pris les mesures nécessaires pour répondre à ces exigences. Ensuite, il faut vérifier si ces mesures sont adéquates pour l’activité choisie.

Les informations relatives à ce point peuvent ne pas être toutes regroupées dans un seul paragraphe ; dans ce cas, il faut les chercher dans tout le document (étude de faisabilité) et d’en faire une synthèse.

Exemple :

III- Analyse critique de l’étude de faisabilité technique

III-1- Côté réglementaire et politique en matière de qualité

Au niveau national l’huile d’olive est soumise à une réglementation qui porte surtout sur la qualité du produit fini et le mode de sa présentation à la vente.

Au niveau international, la réglementation porte sur la qualité du produit fini, son mode de présentation à la vente et aussi les conditions de sa préparation. En effet, cette réglementation exige que les produits alimentaires soient préparés selon les bonnes pratiques d’hygiène incluant le HACCP comme moyen de maîtrise de la salubrité et adoptant des procédures pour assurer la traçabilité du produit.

Le créateur prévoit écouler son produit sur le marché national (Maroc), européen (Italie) et américain (USA). Il sera donc amener à prendre connaissance des différentes exigences réglementaires relatives à ces pays et mettre en place les mesures nécessaires pour s’y conformer.

A travers l'étude de faisabilité, on remarque que la composante qualité n’est pas prise en considération. Le créateur a prévu la mise en place d’un laboratoire pour le contrôle qualité du produit fini et de la matière première, mais ceci reste insuffisant pour satisfaire aux exigences précitées. Il doit donc prévoir la mise en place d’un système qualité intégré qui tient compte à la fois de l’hygiène, de la HACCP et de la traçabilité, et évaluer les moyens nécessaires (humains, matériels et financiers) pour sa mise en place. Un système qualité tel que « ISO 22000 » est recommandé dans le cas de ce projet.

Aussi, il est nécessaire que le créateur soit informé de la réglementation en vigueur concernant la création des entreprises, notamment celle relative aux formes juridiques des sociétés au Maroc et le code des investissements. Ceci, pour être conforme à la réglementation et tirer bénéfice des différents avantages octroyés par le gouvernement marocain aux investisseurs.

Etude de l’approvisionnement

Le but de l’étude de l’approvisionnement est de déterminer les besoins (en quantité et qualité) en matière premières et autres intrants de fabrication, de déterminer le mode d’approvisionnement et d’étudier les moyens nécessaires pour le transport des intrants, leur réception et stockage (matériel roulant, aire d’approvisionnement, chambre froide, etc.).

L’analyse et critique de l’étude de l’approvisionnement consiste à vérifier si l’étude est complète et si les différents mesures prises pour assurer l’approvisionnement sont pertinentes. Ci-après quelques questions qui peuvent aider la personne chargée d’analyser et critiquer le projet à faire ce travail :

  • Le créateur a-t-il déterminé ses besoins en intrants de fabrication (matière première, ingrédients, emballages, etc.) ?
  • L’unité projetée est-elle en mesure de traiter les quantités prévues de matière première ?
  • Le créateur a-t-il prévu un mode et un planning d’approvisionnement pour assurer la régularité de fonctionnement de l’unité ?
  • Le créateur a-t-il estimé correctement ses besoins en moyens nécessaires pour l’achat et le transport de la matière première et autres intrants de fabrication ?
  • Y’a-t-il des mesures à prendre au niveau de l’approvisionnement pour atteindre les objectifs escomptés en matière de qualité ?
Exemple :

III-2- Etude de l’approvisionnement

L’étude de l’approvisionnement est consacrée en grande partie à l’étude des modes d’approvisionnement appliqués au niveau régional et national par les unités de trituration des olives et les coûts associés à chaque mode. Ceci peut être considéré comme une étude générale plutôt qu’une étude technique de l’approvisionnement.

Ce qu’on peut retenir de cette étude c’est le mode d’approvisionnement retenu par l’unité et la quantité d’olives à traiter.

La capacité de traitement de l’unité est fixée à 2500 T/an d’olives pendant une année de croisière. Le créateur prévoit prélever ce tonnage de la quantité d’olives commercialisée hors province. Cependant, il n’a pas expliqué par quel moyen il va pouvoir prélever cette quantité étant donné qu’il prévoit appliquer les mêmes prix d’achat que ceux du marché. En plus, il doit justifier par une étude de marché la réalité des chiffres annoncés concernant la disponibilité de la matière première.

(Remarque : 2500 T représente 7,8% de 32000 T et non pas 11% comme elle est calculée par le créateur).

En ce qui concerne le mode d’approvisionnement, le créateur prévoit s’approvisionner essentiellement à travers les intermédiaires dépendants, le reste sera assuré par des intermédiaires indépendants (20%) et les souks (10%).

Ce mode d’approvisionnement permettra à l’unité de maîtriser à hauteur de 70% la qualité de la matière première. Cependant, l’approvisionnement à travers les intermédiaires indépendants et les souks constituera un facteur limitant quant à l’efficacité de la traçabilité. C’est pourquoi il est recommandé que l’approvisionnement soit reposé uniquement sur les intermédiaires dépendants.

L’étude technique d’approvisionnement reste encore incomplète du moment où elle ne permet pas d’apporter des réponses aux questions suivantes :

  • L’unité est-elle en mesure de traiter la quantité de 25 tonnes/jour ?  En effet, on a omis de mentionner sur l’étude de faisabilité technique la capacité de traitement de la chaîne de trituration.
  • Qu’elles sont les autres charges associées à l’approvisionnement autre que l’achat ? En effet le créateur a prévu l’achat d’un camion d’une capacité de 8T mais ceci reste insuffisant pour assurer le transport de 25 T/j (pour deux voyages par jour, le camion ne peut transporter que 16 T/j). Il faut donc estimer les charges liées à l’allocation des moyens de transport des olives.
  • Qu’il est le besoin de l’unité en caisses pour le transport et le stockage des olives dans l’unité et dans les vergers ? Le créateur annonce dans l’étude financière qu’il aura besoin de 1500 caisses pour la première année. Or cette quantité de caisses ne correspond même pas au besoin en caisses pour le stockage des olives dans l’unité(le stockage de 40 T d’olives pour 2 jours de travail nécessite 1600 caisses d’une contenance de 25 kg d’olives). Le créateur doit donc refaire ses calculs pour estimer ses besoins en caisses. Le mode de stockage des olives en tas est à éviter si on veut opter pour une démarche qualité.

Etude de la transformation

Le but de l’étude technique de la transformation est de déterminer le procédé de transformation à utiliser et les moyens à mettre en œuvre afin de réaliser le produit fini en quantité et qualité fixées, et ce de la réception au conditionnement et stockage.

L’analyse et critique de l’étude technique de la transformation porte sur la discussion du procédé choisi et les moyens en constructions et équipement nécessaires pour sa mise en place. Les principales questions auxquelles on cherche des réponses lors de l’analyse et critique de la transformation sont :

  • Le dimensionnement de l’unité (capacité de traitement) a-t-il pris en considération la disponibilité de la matière première et le besoin en produit fini ?
  • Le choix du procédé est-il justifié ?
  • Les besoins en construction et en équipement sont-ils évalués ?
  • La conformité aux règles d’hygiène en matière de transformation est-elle prise en considération dans le choix des équipements ? et l’aménagement des locaux ?
  • Le créateur a-t-il prévu des surfaces supplémentaires pour une éventuelle extension de son projet ?
  • Les besoins en intrants de fabrication (ingrédients, emballages, additifs, …) sont-ils évalués ? et sont-ils disponibles sur le marché ?
  • Quel sera le devenir des sous produits et rejets résultant de la transformation ?
Exemple :

III-3- Etude de la transformation

III-3-1- Réception

En ce qui concerne le stockage des olives à la réception, le créateur prévoit les stocker 8 jours maximum avant leur trituration (3 jours dans le verger et 5 jours dans l’unité). Or, pour avoir une huile de qualité, on recommande une durée maximale de 5 jours entre la collecte des olives et leur trituration. En plus, on n’a pas estimé, dans l’étude de faisabilité, ni la surface nécessaire pour le stockage des olives avant leur traitement, ni les besoins en caisses de stockage. Le chiffre de 1500 caisses annoncé dans l’étude de faisabilité (Etude financière « Caisses et fûts ») est, comme nous l’avons déjà indiqué, sous-estimé par rapport à la capacité de traitement de l’unité. Le créateur est donc amené à recalculer ses besoins en caisses et en surface de stockage en tenant compte d’une durée de stockage de 2 jours dans l’unité et 3 jours dans le verger.

III-3-2- Réalisation du produit

Le procédé choisi dans le cadre de ce projet de trituration des olives repose sur l’utilisation d’une chaîne continue à 2 phases. L’utilisation de ce procédé a l’avantage de :

  1. offrir un produit de qualité meilleure.
  2. Etre écologique en ne produisant pas de margines.
  3. Etre moins encombrante.
  4. Consommation réduite en eau et en énergie
  5. Chaîne continue automatique nécessitant peu de main d’œuvre.

Donc, le choix d’un tel procédé ne peut être que félicité.

Cependant, le créateur n’a pas précisé la marque choisie. On pense qu’il s’agit de la marque PIERALISI puisque dans les calculs de ses besoins en électricité il s’est référé à PIERALISI. Mais de toute façon la marque choisie doit être clairement précisée dans l’étude de faisabilité. De même le choix de cette marque et non pas des autres doit aussi être justifié, parce qu’on sait qu’il existe sur le marché d’autres marques qui offrent les mêmes avantages que PIERALISI et sont moins couteuses que celle-ci.

En plus, pour le calcul de la capacité de la chaîne, le créateur s’est basé sur un rendement en huile de 20% (m/m). On pense que se rendement est surestimé. En effet, dans la région de Taounate, la culture des olives est réalisée dans la plupart des cas en Bour. Par conséquent, le rendement moyen en huile ne peut dépasser 17%. En tenant compte de ce paramètre, le créateur doit opter pour le choix d’une chaîne ayant une capacité de traitement minimale de 30 T/j d’olives (au lieu de 25 T/j), et ce afin de pouvoir produire 500 T/an d’huile.

III-3-3- Sous produits et rejets

Selon l’étude de faisabilité, l’unité projetée produira environ 20 T/j de grignon humide (65% d’humidité). Ce grignon ne peut être commercialisé avec cette humidité et doit, par conséquent, être séché. Si le créateur opte pour un séchage naturel, alors 5 jours de stockage est très insuffisante pour le séchage de grignon surtout que la campagne de trituration coïncide avec l’hiver. Par conséquent, il faut prévoir une superficie de stockage de grignon beaucoup plus que 80 m2 ; ou alors prévoir, de préférence, l’acquisition d’un séchoir de grignon.

III-3-4- Stockage et livraison

Le créateur a prévu le stockage de l’huile produite, par qualité, dans des cuves souterraines qui seront en nombre de 10, ayant une capacité unitaire de 54 m3. D’abord, on a omis dans l’étude de faisabilité le calcul de la surface nécessaire pour le stockage de l’huile. Cette surface est au minimum 180 m2 (surfaces occupées uniquement par les cuves sans tenir compte des passages : L x l x nombre-cuves).

En plus, le stockage par qualité ne permet  pas de répondre aux exigences en matière de traçabilité ; il faut plutôt stocker l’huile produite par lot en tenant compte de l’origine de la matière première, du n° de l’équipe et de la qualité du produit fini. Dans ce cas, le stockage dans des cuves sera incompatible puisqu’il faut prévoir une cuve pour chaque lot. C’est pourquoi on recommande au créateur de stocker l’huile dans des cuves de petites capacités ou directement dans les fûts de 200 litres. Les besoins en cuves ou fûts doit être estimé en fonction du nombre des lots possibles.

III-3-5- Contrôle qualité

Pour le contrôle qualité, le créateur prévoit créer un laboratoire d’analyses physico-chimiques pour les déterminations de base (indice de maturité, teneur en huile, humidité, acidité, indice de peroxyde, huile dans le grignon). Cependant, il n’a pas indiqué sur son étude de faisabilité ni les besoins en surface pour la construction du laboratoire, ni les besoins en matériel de laboratoire. En plus, si on opte pour une démarche qualité, il faut tenir compte de tous les contrôle qui en résultent (Contrôle hygiène, CCP, métrologie, etc.) et non pas de s’arrêter au contrôle de la matière première et produits.

III-4- Besoin en personnel et leur formation

Les besoins en personnel estimés par le créateur sont 7 personnes permanents (4 cadres, 1 secrétaire, 1 chauffeur et 1 gardien) et 16 ouvriers saisonniers (répartis en trois équipes).

Cet effectif semble être suffisant pour réaliser le travail. Mais vu que l’unité projetée fonctionnera à 3 équipes, il faut donc prévoir au moins :  2 chefs de fabrication (un pour le jour et un pour la nuit), 2 techniciens de maintenance (un pour le jour et un pour la nuit) et 2 techniciens de laboratoire (un pour le jour et un pour la nuit). Soit un total de 10 personnes permanentes au lieu de 7.

Dans le cadre d’une démarche qualité, le personnel a besoin d’une formation continue. Or, le créateur n’a pas estimé ses besoins en matière de formation du personnel. On recommande au créateur, vu la taille de sa future entreprise et la qualification de son personnel (ingénieur, techniciens), d’opter pour la formation en interne afin de réduire au maximum les frais liés à la formation.

III-5- Besoins en constructions

Le créateur à omis d’estimer les besoins en constructions pour la réalisation du projet. On trouve dans l’étude financière (II-3 Les constructions) que le projet sera réalisé sur un terrain de 2000 m2 ; à côté on trouve un tableau présentant les différents besoins en constructions. Mais, du moment où ces chiffres ne sont pas basés sur des calculs techniques, ils ne peuvent être pris au sérieux.

C’est pourquoi, le créateur est amené à reprendre et justifier l’estimation de ses besoins en surfaces et en constructions en prenant en considération la capacité de traitement de l’unité et la possibilité d’une future extension.

L’étude de faisabilité technique doit aussi être complétée par un plan global des constructions.

III-6- Besoin en eau et énergie

Les besoins en eau et en en énergie électrique estimé par le créateur s’élève respectivement à 25 m3/j (1 m3 d’eau/1 tonne d’olive) et 146520 kWh.  Ces estimations semblent être raisonnables.

Cependant, l’estimation des besoins en gasoil est très gonflée (1200 l/j). En effet, cette estimation est basée sur un rayon moyen de 1000 km (2000 km allé et retour). Or, le rayon moyen de déplacement du camion ne dépassera pas 100 km (200 km allé et retour). Donc, les besoins en carburant seront de l’ordre de 12500 litres au lieu de 125000 litres.

Analyse critique de l’étude financière

L’étude financière consiste à traduire, en termes financiers, tous les éléments réunis au cours des étapes abordées précédemment, notamment les informations recueillies lors de l’étude d’approvisionnement, de l’étude de commercialisation et de l’étude technique, et à  vérifier la viabilité de l’entreprise en projetant ces éléments sur une période pertinente et suffisamment lisible.

A travers l’étude financière, le créateur essaye de répondre aux quatre principales questions suivantes :

  • Combien faut-il investir pour réaliser le projet ? Il s’agit d’établir le coût d’investissement.
  • Quels sont les capitaux nécessaires pour lancer le projet : il s’agit d’élaborer un plan de financement initial.
  • L’activité prévisionnelle de l’entreprise va-t-elle générer un montant de recettes suffisant pour couvrir les charges entraînées par les moyens humains, matériels et financiers mis en œuvre ? Il s’agit d’élaborer un compte de résultat prévisionnel.
  • Le projet sera-t-il rentable ? et dans quelles conditions ? Il s’agit de procéder à une analyse financière du projet.

L’analyse et critique de l’étude financière consiste à revoir les chiffres et les calculs présentées dans ladite étude et les confronter aux énoncées de l’étude de faisabilité technique (étude de l’approvisionnement, de la commercialisation et de la transformation).

Pour l’analyse et critique de notre projet exemple, nous allons examiner les quatre éléments cités ci-dessus en insistant plus particulièrement sur l’analyse financière.

Coût d’investissement

Le coût d’investissement est le montant global nécessaire pour réaliser le projet. C’est le total de l’investissement physique et du besoin en fond de roulement.
L’investissement physique est le montant nécessaire pour l’acquisition des immobilisations incorporelles (frais d’établissement, de recherche, brevets, droit au bail, fonds commercial…) et corporelles (terrains, constructions, installations techniques, matériel et outillage industriel, matériel de bureau, de transport…).

Le besoin en fond de roulement correspond aux dépenses qu’il faut engager pour assurer le démarrage et le fonctionnement de l’activité de production de l’entreprise (achat matière première, frais du personnel, eau, carburant, etc.) pendant une période donnée. Cette dernière correspond à la durée nécessaire pour que l’entreprise puisse commencer à encaisser ses ventes (ou prestations).

La détermination de l’investissement physique se base essentiellement sur l’étude technique, alors que l’estimation des besoins en fond de roulement se base sur l’étude de l’approvisionnement, l’étude de la commercialisation et sur l’étude technique.

Exemple :

IV- Analyse et critique de l’étude financière

Rappels :

Avant de procéder à l’analyse et critique de l’étude financière, il convient de rappeler les principales remarques dégagées dans les étapes précédentes et qui sont susceptibles d’influencer les estimations annoncées dans l’étude financière :

  • Le prix de matières premières (MP) et produits ne sont pas à jour, mais nous supposons que l’augmentation du prix de la MP est récompensée par l’augmentation du prix du produit fini.
  • Le montant nécessaire pour l’achat des fûts et caisses doit être majoré de 67%.
  • Le rendement d’extraction est 17% au lieu de 20%. Donc, pour produire 400 T d’huile pendant la première année, il faut triturer 2353 tonnes (23,5 tonnes/j) au lieu de 2000 tonnes. Ceci correspond à une majoration des achats de 17,6%.
  • Les charges liées au carburant sont surestimées et doivent être minoré de 70% pour avoir la valeur réelle de ces charges.

IV-1- Coût d’investissement

Investissement physique :

L’investissement physique est estimé par le créateur à 5.872.104,00 DH. En appliquant une correction de +67% sur les frais relatifs à l’achat des fûts et caisses, ce montant devient 6.044.780,00 DH.

  • Besoin en fond de roulement :

Le fond de roulement est estimé par le créateur à 829.841,00 DH mais sans indiquer la durée de la période couverte par ce fond de roulement. Pour estimer cette période, nous allons calculer les charges moyennes par jour tout en apportant les corrections nécessaires (majoration de la capacité de production par 17% due à la correction du rendement d’extraction et minoration par 70% des charges liées à l’énergie). Les charges moyennes par jour se présentent comme suit :

  • Achat Matière première (redressée) : (20.000x2,2)x1,176 = 51.744,00 DH
  • Assurances : 62655/365 = 172,00 DH
  • Frais divers de gestion : 187320/360 = 520,00 DH
  • Entretien et réparation : 60426/100 = 604,00 DH
  • Eau et énergie (redressées) : (1062174x30/100)x0,3 = 3.187,00 DH
  • Personnel : [(272400x1/12)+( 102144x30/100)]x1,23 = 2.187,00 DH
  • Soit une moyenne par jour = 58.414,00 DH

Donc, le fond de roulement estimé par le créateur suffira pour faire tourner l’unité pendant une période de 14 jours environ. Passé cette période, la future unité doit être en mesure de faire des recettes pour couvrir les charges liées à son fonctionnement. Ceci est faisable, si le projet disposera d’une équipe commerciale compétente.

  • Coût d’investissement :

Pour ce projet, on estime que le coût total d’investissement est de : 6.044.780 + 829.841 = 6.874.621,00 DH (soit le coût d’investissement estimé par le créateur majoré de 2,6%).

Donc, on peut considérer que malgré les corrections apportées, le coût d’investissement calculé par le créateur reste valable.

Plan de financement

La construction du plan de financement initial est une démarche essentielle. Il s’agit de rechercher la meilleure solution financière de façon à pouvoir intégrer des financements bancaires et ce, au plus juste.

Dans le plan financier, on précise quel est le montant de l’apport personnel de l’entrepreneur et ses associés, le montant des crédits bancaires et éventuellement les autres sources de financement (facilités, etc.).

Exemple :

IV-2- Plan de financement

Le plan de financement proposé par le créateur est le suivant :

  • Prêt bancaire : 70%
  • Fond propre : 28%
  • Primes d’investissement : 2%

Bilan d’exploitation prévisionnelle

Le bilan d’exploitation prévisionnel (ou le compte de résultat prévisionnel) consiste à projeter l’activité prévisionnelle de l’entreprise. Ceci afin de montrer si les recettes générées par le projet sont en mesure de couvrir les différentes charges qui lui sont associées et de rémunérer convenablement l’entrepreneur. La durée de projection des prévisions doit être suffisamment visible ; généralement supérieure ou égale à la durée de remboursement du projet.

Les éléments essentiels qu’il faut faire apparaître sont :

  • Chiffre d’affaire (CA) :
C’est le total des ventes réalisées pendant une année. Il est exprimé en unités monétaires et se calcule hors taxe.
  • Achats (Ach) :
C’est le total des achats en matières premières et intrants de fabrication, réalisées pendant une année. Il est exprimé en unités monétaires et se calcule TTC (toutes taxes comprises).
  • Charges d’exploitation (CE) :
C’est l’ensemble des charges autres que les charges du personnel : Eau, électricité, carburant, entretien et réparation, assurances, frais divers de gestion.
  • Charges du personnel (CP) :
C’est le total des salaires bruts annuels octroyés au personnel.
  • Frais financiers (FF) :
C’est le montant annuel destiné au remboursement des différents crédits.
  • Dotation aux amortissements (DA) :
L’amortissement est une notion comptable qui a pour objet de constater la dépréciation subie par une immobilisation en raison de l’usure ou du temps.

Ne peuvent être amorties que les immobilisations corporelles ou incorporelles qui se déprécient par l’usure ou le temps (fonds de commerce, droit au bail, marques, terrains et œuvres ne sont pas amortissables).

La durée de l’amortissement est variable d’un élément à l’autre. Les taux usuel d’amortissement au Maroc sont :

  • Immobilisations incorporelles : 5 ans
  • Immobilisations corporelles
    • Constructions : 20 ans
    • Matériel et outillage : 10 ans
    • Matériel de transport : 5 ans
    • Matériel et mobilier de bureau : 10 ans
    • Matériel informatique : de 5 à 7 ans
    • Agencement et aménagements : 10 ans
  • Résultat d’exploitation (RE) :
Il exprime le résultat réalisé par une entreprise à travers l’exploitation habituelle de ses seuls facteurs de production. Il ne prend en compte ni les produits et charges financiers, ni les produits et charges exceptionnels, ni la participation des salariés aux résultats de l’entreprise, ni les impôts sur les bénéfices.
Formule 1 : Résultat d'exploitation
  • Impôts et taxes (IT) :
Prélèvement (pécuniaire) obligatoire sur les ressources des personnes physiques ou morales, servant à couvrir les dépenses de l’État ou des collectivités locales (Impôts sur les sociétés, taxe urbaine, etc.).

La nature et le taux de ces impôts et taxes changent d’un pays à l’autre. Dans le cas du Maroc (Lieu d’implantation de notre projet exemple), on peut se référer au site du ministère de l’économie et des finances marocain.

  • Bénéfice net (BN) :
Le bénéfice net est calculé par la formule suivante : Formule 2 : Bénifice net
  • Cash flow (CF) :
Le cash-flow (aussi appelé flux de trésorerie) est la différence des encaissements (recettes) et des décaissements (dépenses) générés par l’activité d’une organisation.

Le cash-flow est l’indice/ratio idéal pour évaluer la capacité financière et bénéficiaire d’une entreprise. Il montre si les propres moyens suffisent pour assurer, à long terme, l’existence de l’entreprise.

Le cash-flow d’un exercice donné est calculé à partir du bénéfice net de l’exercice auquel on ajoute les dotations aux amortissements.

Formule 3 : Cash-flow
  • Cash Flow cumulé (CFC) :
Le cash-flow cumulé est calculé par la formule suivante :
Formule 4 : Cash-flow cumulé

CFi est le Cash Flow de l’exercice i

Exemple :

IV-3- Bilan d’exploitation prévisionnelle

Il ressort du bilan d'exploitation prévisionnel que le projet réalisera un bénéfice net de 1.359.130 DH pendant la première année et 2.190.551 DH à partir de la troisième année. Le cash-flow estimé pour la 1ère et la 3ème année est respectivement de 1.940.798 DH et 2.772.219 DH.

Cependant, on remarque que :

  • Le chiffre d’affaire estimé pour la 2ème année et la 3ème année ne correspond pas à une augmentation de 10% qui est prévue par le créateur (+12,5% pour la 2ème année et +11% pour la 3ème année). En appliquant les corrections, le chiffre d’affaire diminue d’environ 3,2% (à partir de la 3ème année).
  • En appliquant un rendement d’extraction de 17%, les achats de matières premières doivent augmenter de +17,6% pour maintenir le même chiffre d’affaire.
  • Le créateur a estimé les frais de gestion à 2% du chiffre d’affaire ce qui correspond à 234150 DH au lieu de 187320 DH. Aussi, on a estimé que les charges liées aux matières énergétiques doivent être minorées de -70%. Ceci fait diminuer les charges externes de -50%.
  • les dotations aux amortissements sont gonflées. En effet, le créateur a appliqué un taux d’amortissement de 10% pour les constructions ; or que le taux usuel appliqué au Maroc est de 5%.

En appliquant l’ensemble de ces corrections au bilan d’exploitation prévisionnel, on remarque que le bénéfice net et le cash-flow diminuent d’environ -13% et -14% respectivement. Dans ce qui suit (analyse de la rentabilité financière), nous allons voir si le projet reste rentable même avec ces diminutions.

Analyse de la rentabilité financière du projet

Pour évaluer la rentabilité d’un projet, on utilise essentiellement 3 indices : la valeur actuelle nette (VAN), le taux de rentabilité interne (TRI) et le délai de récupération (DR). La sensibilité du projet est un autre indicateur qui nous informe du comportement du projet face à la variation du chiffre d’affaire ou des charges totales.

Valeur actuelle nette

La valeur actuelle nette (VAN) est définie comme étant la différence entre l’investissement initial et la somme des cash-flows actualisés. Il se calcule par la formule suivante :

Analyse critique de projets - Formule 5 : VAN

avec :

  • a : Taux d’actualisation (= le taux moyen d’intérêt + un pourcentage de risque)
  • I0 : Investissement initial (Investissement + fond de roulement)
  • CFi : Cash-flow non actualisé correspondant à l’année i

Critère de décision : On accepte le projet si la VAN est positive. En cas de choix mutuellement exclusif, on choisit le projet dont la VAN est la plus élevée.

Taux de rentabilité interne.

Le taux de rentabilité interne (TRI) est défini comme étant le taux qui permet d’égaliser les cash-flows positifs aux cash-flows négatifs. En d’autres termes, c’est le taux de rendement du projet pour lequel la valeur actuelle nette est nulle (VAN=0). Il indique le taux de rendement que le projet apporte à l’entreprise.

On peut écrire :

Formule 6 : taux de rentabilité interne

Critère de décision : On accepte le projet si le TRI est supérieur au taux d’intérêt appliqué par les banques. En cas de choix mutuellement exclusif, on choisit le projet dont le TRI est le plus élevé.

Délai de récupération

Le délai de récupération (DR), aussi appelé «le temps de retour», est la date à partir de laquelle les flux financiers du projet ont remboursé l’investissement initial. Autrement dit, c’est la date à partir de laquelle le cash-flow cumulé (CFC) est égal à l’investissement initial (I0).

On peut écrire :

Formule 7 : Délai de récupération

Critère de décision : On choisit le projet dont le DR est le plus bas.

Sensibilité du projet

Pour l’analyse de la sensibilité du projet, on se base essentiellement sur 2 indices : la sensibilité par rapport au chiffre d’affaire (SCA) et la sensibilité par rapport aux charges totales (SCT).

Sensibilité par rapport au chiffre d’affaire

La sensibilité par rapport au chiffre d’affaire (SCA) est déterminée à partir de la formule suivante :

Formule 8 : Sensibilité par rapport au chiffre d'affaire

Cet indice nous indique que le chiffre d’affaire peut subir une baisse de SCA% avant que l’unité ne soit déficitaire.

Sensibilité par rapport aux charges totales

La sensibilité par rapport aux charges totales (SCT) est déterminée à partir de la formule suivante :

Formule 9 : Sensibilité par rapport aux charges totales

Cet indice nous indique que les charges totales peuvent subir une augmentation de SCT% avant que l’unité ne soit déficitaire.

Exemple :

IV-4- Rentabilité financière du projet

Le créateur n’a pas procédé à l’analyse de la rentabilité financière de son projet. Il s’est limité au calcul des cash-flows actualisés. Ceci ne permettra pas de tirer des conclusions concernant la rentabilité du projet. Nous allons donc procéder au calcul des différents indicateurs pour évaluer la rentabilité du projet ainsi que sa sensibilité par rapport aux variations du chiffre d’affaire et des charges totales.

Les différents indicateurs que nous allons utiliser sont : la valeur actuelle nette (VAN), le taux de rentabilité interne, la durée de récupération du projet, la sensibilité par rapport au chiffre d’affaire et la sensibilité par rapport aux charges totales.

IV-4-1- Valeur actuelle nette (VAN)

On se basant sur les cash-flows actualisé calculé par le créateur (tableau 46), on peut calculer la VAN pour les taux d’actualisation suivants : a=15%, a=20% a=25% et a=34%. Les valeurs de la VAN calculée sont données sur le tableau suivant :

Taux d’actualisation (a) a=15% a=20% a=25% a=34%
Investissement initial (I0) 6.701.585 6.701.585 6.701.585 6.701.585
Cumul cash-flows actualisés 12.957.376 10.689.394 9.008.131 6.787.965
VAN 6.255.791 3.996.809 2.306.546 86.380

Pour un taux d’actualisation de 20%, la VAN est positive ce qui veut dire que le projet est rentable. Nous allons voir s’il va demeurer toujours rentable même après l’application des corrections précédemment abordées : Majoration de l’investissement initial de +2,6% et minoration des cash-flows de -14%.

La VAN calculée pour les différents taux d’actualisation, après correction, est donnée sur le tableau suivant :

Taux d’actualisation (a) a=15% a=20% a=25% a=34%
Investissement initial +2,6% 6.875.826 6.875.826 6.875.826 6.875.826
Cumul cash-flows actualisés -14% 11.143.343 9.200.618 7.746.992 5.837.649
VAN 4.267.517 2.324.792 871.166 -1.038.176

Pour un taux d’actualisation de 20%, la VAN est toujours positive. Ce qui explique que le projet demeure rentable même après avoir apporté les rectifications nécessaires.

IV-4-2- Taux de rentabilité interne

D’après le tableau précédent (Calcul de la VAN après correction), on constate que la VAN devient nulle lorsque ‘a’ est proche de 30%. Ceci veut dire que le projet projeté pourra dégager un taux de rentabilité interne allant jusqu’à 30% et ce en tenant compte de toutes les corrections et modifications que nous avons proposées précédemment.

IV-4-3- Délai de récupération

En faisant le cumul des cash-flows, on constate qu’à partir de la quatrième année ce cumul devient supérieur à l’investissement initial. Donc, on peut dire que la durée de récupération du projet se situe entre la troisième et la quatrième année, et ce en tenant compte des corrections à apporter au cash-flow (-14%) et à l’investissement initial (+2,6%).

IV-4-4- Sensibilité du projet par rapport au chiffre d’affaire

Pour le calcul de la sensibilité du projet par rapport au chiffre d’affaire (SCA), nous allons utiliser la formule suivante :

Formule 10 : Calcul sensibilité par rapport au chiffre d'affaire

Chiffre d’affaire = 11.332.860 DH (Chiffre d’affaire à réaliser à partir de la 3ème année).

Charges totales = 9.676.362 DH (Charges totales à partir de la 3ème année).

==> SCA = 14,7%

Ceci veut dire que le chiffre d’affaire peut subir une baisse 14,7% avant que l’unité ne soit déficitaire. Ce qui représente une marge de sécurité relativement faible.

IV-4-5- Sensibilité du projet par rapport aux charges totales

Pour le calcul de la sensibilité du projet par rapport aux charges totales (SCT), nous allons utiliser la formule suivante :

Formule 11 : Calcul sensibilité par rapport aux charges totales

Chiffre d’affaire = 11.332.860 DH (Chiffre d’affaire à réaliser à partir de la 3ème année).

Charges totales = 9.676.362 DH (Charges totales à partir de la 3ème année).

==> SCA = 17%

Ceci veut dire que les charges totales peuvent subir une augmentation de 17% avant que l’unité ne soit déficitaire. Ce qui représente aussi une marge de sécurité relativement faible.

Pour remédier à la sensibilité du projet (par rapport à la variation du chiffre d’affaire et des charges totales), il faut le réadapter pour qu’il soit en mesure de réaliser un chiffre d’affaire supérieur à celui prévu par le créateur.

Conclusion

En termes de conclusion, le groupe ou la personne chargé d’analyser et critiquer un projet procède à une synthèse des principales remarques (points forts et points faibles) dégagées lors des étapes précédentes et donne son avis concernant la viabilité du projet.

Exemple :

V- Conclusion

Il ressort de l’analyse critique de l'étude de faisabilité qui concerne la création d'une unité de trituration des olives dans la province de Taounate, que le projet est rentable et mérite d’être engagé. Le taux de rentabilité interne est d’environ 30% même après application des différentes corrections suite à l’analyse et critique de ce projet.

Cependant, le projet est sensible à la variation du chiffre d’affaire et à la variation des charges totales. Pour remédier, on recommande au créateur d’opter pour l’achat d’une chaîne de trituration ayant une capacité de trituration supérieure à 30 tonnes d’olives par jour afin de pouvoir réaliser un chiffre d’affaire supérieure à celui envisagé dans l’étude.

En plus, pour que l’étude de faisabilité soit complète et fiable, elle doit être complétée en adoptant les différentes remarques soulevées dans l’analyse critique, notamment :

  • Prévoir la mise en place d’un système qualité afin de maîtriser les différentes exigences réglementaires et normatives.
  • Compléter l’étude de faisabilité par une étude de faisabilité commerciale et d’approvisionnement bien ficelées.
  • Réestimer les besoins réels de l’unité en équipement et en constructions, et faire joindre à l’étude de faisabilité un plan global de construction.
  • Recalculer les dotations aux amortissements en se basant sur les taux usuels appliqué au Maroc.
  • Refaire les différentes estimations qui sont basées sur le rendement en huile et ce, en adoptant un rendement d’extraction de 17% au lieu de 20%.

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